Je ne lis pas assez de livres et cela me chagrine ! Oui, j’aimerais me libérer du temps pour prendre un bouquin et me laisser porter par l’auteur. Mais comme tout le monde, je dissimule mon inaction sous une charge de travail, ou encore un manque de temps. Pourtant, au regard de mon bien-être numérique présent sur mon smartphone Android, aujourd’hui, j’ai passé presque trois heures sur TikTok et COS Warzone. C’est décidé, je ferme cette page numérique pour revenir à un monde réel, du moins le temps d’un livre, d’une pensée ou d’une réflexion. J’en profite pour passer à la librairie pour jeter mon dévolu sur «L’enfer numérique» de Guillaume Pitron. Vous avez bien compris, je pose mon téléphone, mais la tech reste mon agitateur de neurone préféré.  

Une plongée révélatrice dans l’enfer numérique

Guillaume Piéton, interviewé par la chaîne YouTube Thinkerview, a su réveiller la curiosité qui sommeille en moi sur notre consommation high-tech. Le titre de son dernier livre, «L’enfer numérique, voyage au bout d’un Like», me semblait si pertinent que je n’ai pas pu résister à l’envie de me plonger dedans. L’ouvrage éveille de nombreuses questions auxquelles l’auteur répond avec brio.

Le parcours complexe d’un simple message

Avant de parler du livre, laissez-moi partager ma compréhension du message qu’il nous livre sur le parcours d’un message dans cet enfer numérique. Imaginez, nous sommes face à face et je vous envoie un message WhatsApp, que vous recevez en quelques secondes. C’est merveilleux et tellement simple ! Pourtant, avez-vous conscience du chemin parcouru et des technologies mobilisées pour qu’un simple message vous parvienne en quelques secondes ?

Transmission Initiale du Message

Je vous envoie un simple « Hello » sur WhatsApp. Le message est d’abord transmis de mon téléphone à une antenne relais 4G à proximité, qui pourrait être située à quelques mètres de nous.

Acheminement via Fibre Optique et cuivre

De l’antenne 4G, le message est acheminé via des câbles en fibre optique, souvent enterrés sous le trottoir de la ville, à environ 80 cm de profondeur. Il peut également passer par des câbles en cuivre, bien que ceux-ci soient de plus en plus remplacés par la fibre optique.

Passage par les infrastructures de l’opérateur

Mon message rejoint ensuite les infrastructures techniques de l’opérateur téléphonique, qui regroupent les données avant de l’envoyer plus loin.

Traversée de l’Atlantique

Comme le message est destiné à une application américaine, il traverse l’Atlantique via des câbles sous-marins, reliant les côtes françaises, comme en Vendée ou à Bordeaux, à la côte est des États-Unis.

Arrivée dans les centres de données américains

Une fois aux États-Unis, le message arrive dans des centres de stockage de données disséminés sur le territoire, principalement sur la côte est. Ces centres de données sont redondants pour garantir que les données soient toujours disponibles, même en cas de panne d’un centre.

Sécurité et réplication des données

Le message est souvent répliqué dans plusieurs centres de données pour assurer la sécurité et la disponibilité continue des informations.

Retour en Sens Inverse

Une fois traité, il est temps de revenir. Si une réponse est nécessaire, le message ou les informations correspondantes repartent en sens inverse, traversant de nouveau l’Atlantique.

Acheminement final vers le téléphone destinataire

En arrivant en France, le message suit de nouveau le réseau de fibres optiques et d’antennes locales jusqu’à atteindre votre téléphone et afficher mon simple «Hello».

Réflexions sur l’infrastructure et la dépendance numérique

Ainsi, bien que nous soyons à seulement 10 centimètres l’un de l’autre, la distance parcourue par le message peut dépasser les 10 000 km. Ce parcours, bien que rapide (à la vitesse de la lumière ou presque, soit environ 200 000 km/s dans les câbles optiques), repose sur une infrastructure matérielle étendue et complexe. Cette infrastructure, souvent invisible au quotidien, permet de vivre des expériences numériques apparemment dématérialisées, mais en réalité fortement dépendantes de réseaux physiques et de centres de données. 

De quoi parle le livre «l’enfer Numérique, voyage au bout d’un Like»

Maintenant que je vous ai sensibilisé sur le périple complexe d’un message, je vous laisse avec mes notes de lecture, mais ne vous livre pas l’entièreté du livre.

Le paradoxe de la dématérialisation

Le numérique est souvent perçu comme immatériel. Cependant, il repose sur une infrastructure physique colossale et énergivore. Cette infrastructure inclut des datacenters, câbles sous-marins, et mines de métaux rares. L’empreinte écologique du numérique est considérable. “Le numérique pollue. Énormément.”

L’effet papillon de la matière

Le MIPS (Material Input Per Service Unit) mesure les ressources mobilisées pour un produit numérique. Cela comprend la fabrication, l’utilisation et le recyclage. “Un monde écologique sera d’abord un monde mieux organisé.”

La face cachée de la “green IT”

Les initiatives durables des géants du numérique sont souvent du greenwashing. “Des milliers d’années de guerres nous apprennent combien des puissances victorieuses ont eu à cœur de revisiter l’histoire à leur avantage… Au XXIe siècle, les entreprises du numérique raffinent ce procédé et proposent carrément de réécrire l’avenir !”

Le défi énergétique des data centers

La croissance exponentielle des données pose un défi énergétique majeur. Les data centers dans des régions froides comme la Laponie suédoise illustrent cette problématique. “C’est ici que le nuage touche le sol !”

La nouvelle géopolitique d’internet

Le contrôle des infrastructures numériques est un enjeu géopolitique majeur. Il y a des tensions croissantes entre la Chine et les États-Unis. “Internet est un nouvel instrument au service de la quête de pouvoir et d’argent.”

les limites du progrès technologique

L’innovation technologique est-elle vraiment capable de réduire l’empreinte du numérique ? L’auteur s’interroge sur les effets rebond potentiels. “Le fait que la technologie ait toujours un temps d’avance suffit-il à affirmer que les confins de cette odyssée ne seront jamais atteints ?”

Faits marquants

Voici quelques faits que Guillaume Pitron met en avant dans son ouvrage: 

  • Produire un tee-shirt nécessite 226 kilos de ressources.
  • Un litre de jus d’orange mobilise 100 kilos de matière.
  • Une bague en or à un MIPS de 3 tonnes.
  • L’industrie des TIC consomme 10% de l’électricité mondiale.
  • Le numérique génère une empreinte écologique équivalente à deux ou trois fois celle de la France.
  • Les data centers pourraient consommer 29% de l’électricité de l’Irlande en 2028.
  • Une molécule de gaz fluoré est 2 000 fois plus puissante que le dioxyde de carbone.

Pistes de réflexion

Comment concilier la croissance numérique avec la réduction de notre empreinte écologique ? Quel rôle pour les citoyens, entreprises et États dans un numérique plus responsable ? Quelles alternatives au modèle actuel basé sur une croissance infinie des données ?

Du smartphone au livre : une reconquête de l’esprit dans l’enfer numérique

« L’Enfer numérique» nous invite à prendre conscience de l’impact réel du numérique. Il nous appelle à plus de lucidité et de responsabilité dans nos choix individuels et collectifs. Face aux enjeux écologiques et géopolitiques, l’auteur prône un changement de perspective. Alors avant de choisir un nouvel appareil, ou un service, réfléchissez à son impact matériel et au coût réel de ce dernier. 

Aviez-vous conscience des enjeux de l’ère numérique ? Donnez-moi votre avis dans la suite de cet article à travers vos commentaires 

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2 Comments
  • LOUIS-PHILIPPE THOUIN
    LOUIS-PHILIPPE THOUIN
    5 août 2024 at 21 h 57 min

    J’écoute des livres audios plusieurs heures par jour: en vélo, à pied, dans mon auto, en faisant des tâches ménagères… et j’adore cette capacité d’apprendre alors que je suis en mouvement. Je me considère un “intellectuel” même si la connotation contemporaine de ce mot est devenue tristement péjorative.
    Finalement, non je n’achèterai pas le livre en format papier de Guillaume Pitron, par contre si une version audio était disponible, peut-être que je l’écouterais… quoique je commence à en avoir “plein le casque” (expression québécoise) de ces alarmistes qui, me semblent, aiment un peu trop crier au loup!

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    • Nicolas
      6 août 2024 at 10 h 37 min

      Merci pour ce commentaire pertinent. Il me semble que le livre est également disponible en format audiobook. Ce que j’ai particulièrement apprécié dans cet ouvrage, c’est la capacité de l’auteur à maintenir une neutralité remarquable tout en énumérant et expliquant ce qu’est la technologie. Il ne condamne pas la technologie, mais souligne l’importance de prendre conscience de son impact sur la planète afin de l’utiliser de manière intelligente.

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