L’Intelligence Artificielle (IA) est l’objet de tous les fantasmes, et ce, depuis la fin 2022, date de l’ouverture au public de ChatGPT. Sa présence est vue partout, même si elle reste encore cloisonnée à certains secteurs industriels et de l’information. Du côté du grand public, l’IA est encore mal connue et pas encore pleinement exploitée. Pour mieux comprendre le positionnement actuel de l’IA dans la société, une étude a été faite en ligne dans six pays (Argentine, Danemark, France, Japon, Royaume-Uni et États-Unis). Son axe a été de comprendre comment est utilisé l’IA, mais également de connaître comment son usage est perçu dans le journalisme comme dans d’autres domaines professionnels. Alors, l’IA est-elle le fantasme de toutes nos peurs ou simplement un outil qui s’ignore ?
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Perception de l’IA par le public
L’étude, publiée en mai 2024, et passée sous les radars, a été effectuée par le Reuters Institute for the Study of Journalism. Intitulée “Que pense le public de six pays de l’IA générative dans l’actualité ?“, elle explore la perception du public quant à l’utilisation de l’IA générative dans la production d’informations. Les principaux enseignements tirés de celle-ci sont :
- La notoriété de l’IA générative est élevée, mais une part significative du public n’a jamais entendu parler des outils d’IA les plus connus.
- ChatGPT est l’outil d’IA générative le plus utilisé, surpassant largement les autres options.
- Les jeunes sont considérablement plus enclins à utiliser régulièrement l’IA générative que les personnes plus âgées. En moyenne, dans les six pays étudiés, 56 % des 18-24 ans déclarent avoir utilisé ChatGPT au moins une fois, contre 16 % des 55 ans et plus. Des proportions à peu près égales dans six pays déclarent avoir utilisé l’IA générative pour obtenir des informations (24 %) ou créer divers types de médias, notamment du texte, mais aussi de l’audio, du code, des images et des vidéos (28 %).
- L’IA générative est principalement utilisée pour la recherche d’informations et la création de contenu multimédia.
- L’utilisation de l’IA générative pour s’informer sur l’actualité reste marginale.
Part des personnes ayant entendu parler de chaque outil d’IA générative
Dans chaque pays, la notoriété de ChatGPT est bien plus élevée que celle de tous les autres outils. Viennent ensuite les outils des grandes entreprises technologiques, suivis par les produits d’IA spécialisés.
Un certain niveau de confiance
Pour les personnes interrogées elles anticipent un impact majeur de l’IA générative sur presque tous les secteurs dans les cinq prochaines années. Avec également des attentes allant de 51 % pour les partis politiques à 66 % pour les médias et la science. Toutefois, la confiance accordée aux différents secteurs pour une utilisation responsable de l’IA varie : environ la moitié font confiance aux scientifiques et professionnels de santé, contre moins d’un tiers pour les réseaux sociaux, politiciens et médias.
Les attentes d’impact sont globalement similaires selon l’âge, le sexe et l’éducation, sauf concernant l’impact sur la vie personnelle : les jeunes anticipent un impact plus important que les seniors. L’optimisme prévaut quant à l’impact de l’IA sur la vie personnelle (majorité dans 4 pays sur 6), mais beaucoup restent indécis et une minorité significative est pessimiste. Les attentes sont plus pessimistes quant à l’impact sur la société.
Différence nette entre la proportion de ceux qui pensent que l’IA générative rendra chacun meilleur ou pire.
En moyenne, sur six pays, une grande partie du public pense que l’IA générative améliorera la science, les soins de santé et de nombreuses activités de la routine quotidienne. Mais davantage de personnes pensent que l’IA générative rendra l’actualité pire.
Un optimisme considérable entoure la science, la santé et les activités quotidiennes, notamment les médias et divertissements (+17 points d’optimistes vs pessimistes). Le pessimisme est fort sur le coût de la vie, l’emploi et l’information (+8 points de pessimistes). Face à l’IA générative, entre un tiers et la moitié des répondants ont des opinions nuancées ou sont indécis, reflétant l’incertitude et la complexité du sujet.
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L’IA est-elle le fantasme de toutes nos peurs ou simplement un outil qui s’ignore ?
L’IA générative, malgré son omniprésence médiatique, demeure un outil encore méconnu et sous-exploité par le grand public. Si elle suscite à la fois fascination et inquiétude, l’étude du Reuters Institute révèle une perception nuancée. Ainsi, d’un côté, un optimisme prudent prédomine quant à son impact sur des domaines comme la science, la santé ou les loisirs. Les jeunes générations, plus familières avec ces technologies, en sont les principaux ambassadeurs. De l’autre, des craintes légitimes persistent, notamment concernant l’emploi, la désinformation et l’utilisation responsable de l’IA par certains acteurs. Le fossé générationnel se creuse également, les seniors étant plus sceptiques quant aux bénéfices de l’IA.
En somme, l’IA générative n’est ni le fantasme de toutes nos peurs, ni un simple outil qui s’ignore. Elle incarne un potentiel de transformation considérable, mais son avenir dépendra de notre capacité à l’encadrer, à l’éduquer et à l’utiliser de manière responsable. L’enjeu est de taille : faire de l’IA un véritable levier de progrès, au service de l’humanité tout entière.
