Pour reprendre un célèbre dialogue du film Les tontons flingueurs “On naît. On vit. On trépasse.”. Et aujourd’hui notre vie est pleine de données numériques. On naît ainsi avec déjà des données numériques puisque même notre état-civil est devenu un tel fichier. Il en est de même du jour de notre naissance, avec les photos de celle-ci. Tout au long de notre existence, nous allons remplir cet album numérique. De tout et de rien, d’important et de futile. Bref, des informations qui racontent une vie de sa naissance à la mort d’une personne. Mais vous êtes-vous posé la question suivante : que deviennent mes données numériques après ma mort ? Pour y répondre, voyons comment de notre vivant, prévoir la transmission de ses données numériques. 

Une mort numérique se prépare

Comme il existe une mort civile et une mort physique, il existe aujourd’hui une mort numérique. Cette notion de décès numérique renvoie il va de soi au devenir des données numériques d’une personne décédée. Bien sûr, le législateur a réfléchi à comment pouvait se transmettre de telles informations. En effet, une personne se déclarant comme parent du défunt, ne pourra pas y accéder, par le fait de son lien de parenté. Ainsi, le Conseil d’Etat à décidé que “des personnes ne peuvent, en leur seule qualité d’ayants droit de la personne à laquelle se rapportent les données, être regardées comme des personnes concernées.”

De fait, c’est de son vivant, et comme le législateur a prévu en l’article 85 de la loi informatique et liberté, qu’une personne peut définir “l’établissement de directives, la conservation, l’effacement et la communication de ses données à caractère personnel après sa mort.” Mais ces données ou sont-elles ? Et à qui s’adresser pour informer comment elles seront gérées après son décès ?

Savoir à qui s’adresser

De manière générale, nous passons par des prestataires de services pour employer les outils de l’Internet. Cela concerne d’abord les FAI ou nous communiquons des données ne serait-ce qu’en utilisant les outils de connexion qu’ils nous proposent (box, identifiants, logs de connexion, ….). Ensuite, on trouve des sociétés comme Google, Facebook et autres réseaux sociaux, ou nous allons là encore laisser des informations. Elles concernent nos identifiants, mais tout ce qui a trait à la communication. Tous nos échanges écrits, nos avis, nos likes, nos discussions sont archivés. On trouve enfin, les sites web où nous allons chercher des informations (générale ou spécialisée) et ceux proposant des web applications (exemple :  ceux liés actuellement à l’IA). Généralement dans ce type de support, il nous est demandé des identifiants et il nous sera possible de stocker les fichiers que nous aurons créés. 

Que deviennent mes données numériques après ma mort ?
Dessin DR

Des données trop importantes

Que cela concerne les sites web ou ceux proposant des web applications, il faut se rappeler qu’on laisse des informations. Cela va s’appliquer à des articles qu’on aura tagué, commenté comme ceux auxquels nous aurons laissé des informations de types dessins, et autres. On voit donc, qu’à chaque fois que l’on s’inscrit à un site, on va laisser des données qui nous sont propres. Prises individuellement elles ne sont rien, mais leurs ensemble peut rassembler des milliers de données. Et permettre de cerner au plus prêt la personnalité d’une personne. Donner de telles informations à une IA et on peut très bien imaginer voir celle-ci tirer le portrait de la personne. 

A qui doivent s’adresser les parents d’un mort ?

On voit donc que tout au long de notre vie numérique, nous créons des milliers et des milliers de données numériques. Mais que deviennent-elles après notre décès ? Sachez qu’en ce qui concerne les réseaux sociaux, ceux-ci ne peuvent pas de leurs propres chefs supprimer un compte inactif. Sauf, si cela a été décidé expressément par l’utilisateur. 

Vous trouverez dans le tableau ci-dessous, un certain nombre de réseaux sociaux ou prestataire de services, collectant des informations, et permettant aux proches d’entamer une procédure de signalement de décès au site ou au réseau social concerné.

SITE/RÉSEAU SOCIALNOM DU FORMULAIRE
FacebookGérer le compte d’une personne décédée
GoogleEnvoyer une demande concernant un utilisateur décédéGestionnaire de compte inactif
InstagramSignaler le compte d’une personne décédée sur Instagram
LinkedInSuppression du profil d’un membre de LinkedIn décédé
Microsoft/OutlookAccès à Outlook.com, OneDrive et d’autres services Microsoft lors d’un décès
TwitterInformations relatives aux personnes décédées
YahooOptions disponibles quand un titulaire d’un compte Yahoo décède

Et que propose Google justement ?

La firme de Mountain View ne fait pas exception à la règle, en ce qui concerne les mesures proposées après le décès d’une personne. Dans le but de ne heurter personne, elle n’emploi pas le terme de mort ou décédé mais celui de compte inactif. Une tournure de phrase qui doit convenir à tout le monde. 

Vous aurez compris que c’est de son vivant que l’utilisateur d’un compte Google, et de cela nous nous intéresserons uniquement, doit préparer la suite donnée à ses données. En se rendant sur le compte Google, à cette adresse, le gestionnaire de compte inactif, car tel est son terme, va pouvoir indiquer différentes informations. Elles vont concerner deux paramètres importants : 

  • soit choisir la ou les  personne(s) de son choix qui aura accès aux donnés après son décès,
  • soit décider de son vivant que le compte Google devenu inactif sera supprimé définitivement. 

Savoir choisir qui informer

Dans le cas où l’on désire informer une ou des personnes (jusqu’à 10) d’un compte devenu  inactif suite à son décès, un paramètre est à prendre en compte : le temps ou le compte devient inactif après un temps défini d’inactivité. Je m’explique. 

En tant qu’utilisateur d’un compte Google, on y accède logiquement chaque jour. Ou presque. Ne serait-ce que pour consulter Gmail que ce soit sur un Chromebook ou un smartphone. Maintenant on peut indiquer à Google que son compte deviendra inactif après un laps de temps d’inactivité. Cela peut aller de trois mois à dix-huit mois. Dans le même temps, la firme de Mountain View, à la possibilité de savoir qu’un compte devient inactif. Cela passe par les logs de connexions, l’activité par le biais du navigateur web Google Chrome ou autres. Cela veut dire, que Google peut par la non activité d’un compte Google, savoir quand la personne est décédée. Enfin le supposer. Bien sûr, on peut très bien décider un jour d’employer un autre prestataire de service, sans en avertir la firme de Mountain View. Mais vous serez d’accord avec moi, que généralement si c’est le cas, on va chercher à transférer ses données. 

Pour revenir au sujet d’informer la ou les personnes de son choix, deux possibilités s’offrent : 

  • soit sélectionner une ou plusieurs personnes en indiquant uniquement leurs adresses électroniques. Comme je l’indiquais, on peut y porter jusqu’à dix adresses. 
  • soit demander à Google d’envoyer à la ou les personnes une réponse automatique que l’on aura préalablement écrit. Cet envoi se fera à partir du moment où le compte sera devenu inactif. 

Demander que ses données soient effacées

On est fâché avec la Terre entière dont ses amis, famille et autres. On en veut à tout le monde et on a décidé que ses données du compte Google seront donc effacées. Il suffit là encore de l’indiquer. Pour cela aller à la section Décidez si votre compte Google inactif doit être supprimé de la page myaccount.google.com/inactive. Le compte sera supprimé après trois mois d’inactivité. 

Faire la demande d’un accès aux données d’une personne décédé

Google, le dit clairement “Nous sommes conscients que de nombreuses personnes décèdent sans laisser d’instructions claires concernant la gestion de leurs comptes sur Internet.” C’est vrai qu’en qualité de famille d’un défunt, on peut vouloir prendre connaissances des données numériques qu’il a laissé. Pour cela, la firme de Mountain View propose un formulaire ad-hoc. Bon, sachez quand même, qu’il faut s’armer de courage, patience et communiquer pas mal d’informations. Bref, c’est la croix et la bannière. 

Que deviennent mes données numériques après ma mort ?

J’ai conscience que le sujet peut sembler inopportun en ces périodes assez agitées et que les termes mort, décès, défunt, peuvent choquer certains d’entre vous. Mais il faut prendre conscience qu’en tant qu’utilisateur non pas d’un Chromebook, mais de tout ce qu’il propose comme accès et services, les données que l’on crée sont très importantes. Importantes avec une sécurité renforcée avec l’identification à deux facteurs. Importantes aussi car si on désire les transmettre à nos descendants ou connaissances, il s’agit d’avance de définir qui en sera bénéficiaire. Établir ce que j’appelle son testament numérique est en soit une marque de respect autant pour soi que pour celles et ceux qui seront attributaire de celui-ci. Enfin, ne dit-on pas qu’il y a une vie après la mort ? Cette transmission de données numériques est-elle une manière de continuer à exister ? Pourquoi pas ! 

J’attend vos commentaire et n’hésitez pas à venir expliquer pourquoi et en quelles circonstances vous avez préparé votre testament numérique. Si vous désirez que vos données numériques ne soient pas transmises et si c’est le cas, n’hésitez pas là encore à expliquer les raisons qui vous font dire que cela ne sert à rien.

PS / Cet article est né d’une discussion avec @Nicolas. Comme quoi, s’est à travers les échanges que parfois peuvent naître un écrit.

Shares:

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.