Fin de partie pour l’espace ludique de Google : Stadia est Game Over. N’ayons pas peur des mots, cet énorme gâchis qu’est l’arrêt de Stadia aura des conséquences plus importantes que l’on imagine. Autant humain que matériel. Alors, même si une partie de la responsabilité incombe à Google de n’avoir pas su bien communiquer sur ce produit, on peut dire que les médias en ligne n’ont pas été tendres avec ce nouvel outil. Il permettait pourtant d’aborder le jeu vidéo d’une manière différente. Nouveau paradigme qui a fait peur, comme au public, puisqu’il se murmure qu’il n’y avait que 400 000 abonnés dans le monde. Intéressons-nous malgré le peu d’adhésion du public, sur ce qui a motivé cet énorme gâchis qu’est l’arrêt de Stadia. Comme les conséquences qui à terme pourraient entraîner un certain recul des utilisateurs des produits Google.
À ce tableau volontairement assombri, il y a quand même des signes positifs, qui laissent penser que Stadia aura permis de tester de nouveaux outils internes.
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Naissance de Stadia, un nouveau concept de jeux vidéos
C’est le 19 novembre 2019 qu’a été présenté Stadia. Auparavant, il était appelé Project Stream, durant son développement. Lors de la sortie de Stadia, il est promis les capacités suivantes :
- jeux en définition 4K avec 60 images secondes,
- au même niveau que la PlayStation de Sony, de la Xbox de Microsoft ou de Nintendo,
- mode multijoueurs,
- possibilité de jouer sur le site YouTube en invitant des joueurs pendant la partie, appelé Party Stream.
Dès le lancement, Stadia est conçu pour fonctionner sur les outils suivants :
- les téléphones Google Pixel
- exploitable sur les Chromebook et tout ordinateur fonctionnant nativement sous chromeOS,
- compatibilité avec les Chromecast Google Tv, et la Chromecast Ultra à condition d’utiliser une manette Stadia,
- les systèmes d’exploitations iOS d’Apple, Android de Google, Windows 10 de Microsoft, Linux et même MacOS.
Pour tous ces outils, le passage par le navigateur web Google Chrome est obligatoire.
Au niveau des caractéristiques, comme je l’indiquais, la 4K est annoncée comme les 60 images secondes. On y ajoute :
- le format VP9 qui est, je rappelle, un codec vidéo et sans redevance développé par Google,
- un son Surround 5.1.
Lors de l’annonce de Stadia, il est proposé la manette de jeu du même nom qui peut opérer avec fil ou via le Wifi. On peut trouver d’autres informations sur ses caractéristiques à cette adresse.
Des annonces qui n’ont jamais été réalisées dans les temps
Une des annonces les plus intéressantes lors de la présentation de Stadia, était la possibilité de la diffusion, comme la participation d’une partie dans YouTube. Avec Party Stream, c’est son nom, il était possible de jouer jusqu’à neuf personnes. Annoncé en 2019, ce n’est qu’en août 2022 que fut mis en place cette fonction. À peine deux semaines après, la fermeture de Stadia pour le mois de janvier 2023 était actée. Voilà, un exemple frappant de la communication qui a été mal faite. Il aurait été si simple de ne pas en parler pour l’indiquer le moment voulu. Alors que les joueurs attendaient cette possibilité dès le début, ils ont dû patienter, sans comprendre réellement l’annonce faite.
Les jeux proposés par Stadia
Quand on parle de cloud gaming, on parle forcément de catalogue. Qu’a proposé Stadia dans ce domaine ? L’un des plus gros points négatifs fut de ne pas développer les jeux spécifiquement pour le service. Côté joueur, bah, c’est tout bête, si vous achetez un jeu, il ne sera disponible que sur Stadia. Nous sommes à l’opposé de ses concurrents sur ordinateur ou boitier comme la XBox, ou Nvidia, qui permet de jouer à une grosse partie de son catalogue Steam et Epic Games sur toutes les plateformes. Ces restrictions n’ont pas permis au catalogue de se développer suffisamment afin d’attirer le plus grand nombre de joueurs possible.
Cependant, Google travaillait à améliorer cette facette et au bout de trois ans d’existence, beaucoup de jeux ont été proposés. Preuve en est, comment ne pas parler de FIFA. C’est la référence footballistique présente partout depuis FIFA 21, y compris en précommande (FIFA 23 si tu nous entends, nous pensons à toi). Ensuite, si vous discutez avec @Nicolas, Cyberpunk vient forcément sur la table. C’est une grosse licence, gros jeu et belle optimisation, rien à dire de plus. Un plaisir d’y jouer sur la plateforme de Google. On ne peut pas non plus passer à côté de Destiny 2. C’est le jeu de shoot multijoueur dont nous parlerons après. Il est également disponible et jouable gratuitement.
Bien sûr, le catalogue est varié et va de Hitman à Tomb Raider, en passant par des jeux en famille comme Overcooked. Les jeux de gestion sont de la partie comme City Skylines.
Bref, il est possible de se trouver une petite pépite comme Outcasters ou de jouer à du gros jeu bien connu comme PUBG. Pourtant, je reste mitigé sur le contenu et la profondeur du catalogue proposé, malgré de gros efforts pour travailler avec les développeurs.
Des périphériques pour jouer et que vont-ils devenir ?
Dès l’annonce officielle de Stadia, il ne faut pas oublier que du hardware a été proposé. Je pense bien sûr à la manette officielle et jouable uniquement sur cette plateforme. Justement, cette mort du service maison pose beaucoup de questions, notamment écologiques au regard de cette manette. En effet, celle-ci est utilisable en wifi, mais se configure par Bluetooth. Gros problème, celui-ci est bridé et ne permet pas de se connecter sur un autre service que celui de Google. En l’état, si rien n’est changé, la manette va devenir un simple objet filaire (peu optimisé pour la concurrence) ou un déchet électronique pour la plupart des joueurs, habitués aux manettes Bluetooth. (Qui a dit presse livres dans l’assistance ?)
Je reste pourtant optimiste pour une seconde vie de la manette Stadia. En effet, sur l’aide en ligne la concernant, on peut lire “Ce produit est équipé d’une radio Bluetooth Classic. À l’heure actuelle, aucune fonctionnalité Bluetooth Classic n’a été activée, mais cette situation peut évoluer.” Il ne reste donc plus qu’à toucher du bois et espérer que les équipes techniques de Stadia vont y arriver.
Arrêt de son studio de production
Entre 2019 et 2022, il nous faut revoir la chronologie des faits ayant entraîné la fermeture prochaine de Stadia. Car soyons honnête, beaucoup de curseurs à peine un an après, viraient déjà au rouge, montrant autant des tensions que des soucis de management au sein de Stadia.
Nous sommes en 2019, Google lance le studio Stadia Games and Entertainment dans le but de développer des jeux exclusifs pour la plateforme de cloud gaming de la firme de Mountain View. On voit les choses en grand et les yeux des joueurs brillent en imaginant déjà de superbes jeux. Et, cela se comprend. On retrouve à la tête de ce nouveau studio Jade Raymond, une productrice canadienne de jeux vidéo. Elle a dans son book quelques jeux ou elle a rempli le rôle de productrice :
- There (2003), productrice, directrice artistique
- Assassin’s Creed (2007), productrice
- Assassin’s Creed II (2009), productrice exécutive
- Assassin’s Creed: Unity (2014), directrice générale
- The Mighty Quest for Epic Loot (2015), productrice exécutive
Bref, c’est du lourd et l’on peut s’attendre à juste raison à des jeux qui vont rapidement pouvoir s’imposer sur Stadia et pourquoi pas sur d’autres plateformes. Google semble avoir trouvé la martingale gagnante.
Des yeux plus gros que le ventre ?
La mariée paraissait trop belle. Gros aveu d’échec, après à peine un an et demi d’existence, le studio ferme ses portes en février 2021… Sans avoir lancé le moindre jeu. Cela fait couler beaucoup d’encre, et l’on annonce la mort prochaine de Stadia, qui ne s’en relèverait pas.
Le studio comptait 150 salariés, répartis entre les sites de Montréal et Los Angeles. La plupart ont été recasées dans d’autres services. Bien entendu, Jade Raymond, quant à elle, quitte Google. À peine plus d’un mois après, le 16 mars 2021 exactement, elle indique dans un communiqué PlayStation avoir fondé Haven Studios. Il s’agit d’un studio de développement de jeux vidéo indépendant. Pour la petite histoire, un peu plus d’un an après, le 21 mars 2022, Sony fait l’acquisition de Haven Studios et rejoint le groupe PlayStation Studios.
La suite, on la connait. On assiste à des évolutions techniques de ses serveurs, permettant une plus grande fluidité dans les jeux, même pour ceux n’ayant pas une connexion rapide. Je pense, entre autres, au jeu Cyberpunk qui rencontra des désagréments de jouabilité à sa sortie sur Stadia, sur certains terminaux. Des améliorations sont portées au niveau de l’interface graphique permettant ainsi une meilleure accessibilité aux jeux. Enfin, il y a des négociations avec les constructeurs Samsung et LG, dans le but d’intégrer Stadia dans leurs téléviseurs. Le point noir reste quand même une communication toujours aphone et ne donnant pas l’envie d’acheter les jeux. Puis arrive ce 28 septembre, avec l’annonce de Phil Harrisson.
Je rappelle, que vous pouvez retrouver l’ensemble des articles publiés autant par @Gaetan que @Nicolas concernant les jeux proposés sur la plateforme Stadia, en cliquant ici. Relisez certains papiers de @Gaetan montrant à quel point Google est déficiente sur la communication sur Stadia.
Une communication déficiente
En dehors de la nomination de Phil Harrisson qui n’a rien arrangé (voir plus bas), l’autre raison de la fermeture de Stadia vient de sa communication déficiente qui s’est faite en catimini. Jamais, Google n’a cherché à vraiment mettre Stadia en avant. À croire qu’il n’y croyait pas ou ne voulait y pas croire, même le jour de son annonce en 2019. Un exemple simple, montre à quel point le service communication de Stadia allait à rebours de toutes promotions dans ses produits. L’annonce des jeux offerts se faisait alors qu’ils étaient déjà proposés depuis plusieurs semaines. Pas de teasing en amont, qui aurait donné l’envie et l’attente aux joueurs.
Je ne vous apprendrai rien, en vous indiquant que Google a un blog permettant de faire des annonces. Ce fut dans cet espace que Phil Harrison indiqua la fermeture de Stadia. Alors qu’une telle annonce devrait être mise en avant dans la section Stadia, nous trouvons à la place un article sur le jeu Village / Resident Evil. Qui date du 9 juin 2022 ! Qui dit mieux ?
Google est la première agence mondiale du web et pourtant elle ne sait pas communiquer. Ou alors, elle le fait express, de peur comme je l’ai déjà dit de se retrouver taxée pour monopole trop important, tellement elle aurait de succès. Une chose est sûre, jamais Google n’a cherché à mettre en avant le produit Stadia, qui ne demandait qu’à être connu. Il lui aurait été si facile de communiquer autant sur YouTube que tous les autres fils de publicité qu’elle peut avoir. Je pense entre autres à la société Ads qu’elle détient.
Phil Harrison : c’est la mort annoncée de Stadia
Phil Harrison est, n’ayons pas peur des mots, un porte-poisse de première classe. Une sorte de personne qui met en carafe tout ce qu’il entreprend. Ce fut le cas chez Sony, Atari comme Microsoft. Je ne m’étendrai pas sur son action dans chacune de ses entreprises, et c’est le 19 mars 2019 qu’il a été annoncé par Sundar Pichai, comme chef de produit de Stadia.
C’est la réaction de Gaëtan, spécialiste des jeux vidéos qui montre à quel point Phil Harrison est un loser dans tout ce qu’il touche. En effet, apprenant sa nomination, il déclara : Phil Harrison, c’est la mort annoncée de Stadia. Il n’avait pas tort en disant cela. Car c’est à tous les niveaux que Stadia a péché. Autant dans sa communication vers le public que la manière qu’elle mettait en place les jeux, comme j’ai indiqué plus haut.
Preuve de l’incapacité de Phil Harrisson de gérer convenablement une entreprise, au 3 octobre 2022, jour de la rédaction de cet article, on peut trouver sur le site de Stadia, la possibilité d’acheter encore des jeux. Pire, ceux qui sont sortis le 1ᵉʳ octobre 2022. Soit deux jours après l’annonce d’arrêt de Stadia. De qui se moque cette personne ? Comment ne peut-on pas voir la responsabilité patente de Phil Harrisson dans la gestion de Stadia.
Une annonce en catimini
C’est en catimini que Google a annoncé la fin de partie de Stadia. Comme s’il s’attendait à des réactions importantes de la part du public. Ce dernier semblait investir le site de Stadia pour jouer à des jeux. Il y en avait pour tous les goûts et bien sûr tous les âges. Il était si facile de s’immerger dans un univers ludique : un Chromebook ou tout autre ordinateur ou un smartphone, une connexion au site stadia.com et l’on pouvait s’amuser pendant des heures. Pas besoin d’installer des fichiers ou autres, nul besoin d’un outil puissant. La preuve, même un Chromebook à 200 € suffisait largement pour jouer. Bien sûr, la carte vidéo pouvait ne pas afficher tous les prismes du jeu, malgré cela on passait de bons moments. Seule obligation : l’emploi du navigateur web Google Chrome.
Preuve de la discrétion tenue par Google pour ne pas trop mettre en avant cet article de blog de Phil Harrison, Vice-président et directeur général, Stadia. Il n’est pas positionné en première partie du blog de Google, mais plutôt dans les tréfonds du site. Une manière de montrer que la firme de Mountain View désire tourner la page au plus vite.
Capture d’écran du blog de Google à la date du 2/10/2022
Les jeux seront-ils jouables sur d’autres plateformes ?
Une fois le choc de l’annonce passé, beaucoup de questions légitimes se posent, et surtout sur les jeux.
Déjà seront-ils jouables sur d’autres plateformes ?
- Comme annoncé précédemment, le jeu Gylt sorti en exclusivité sur Stadia en 2019 est en négociation afin d’être porté sur d’autres plateformes et nous espérons pour Tequila Works et les joueurs que cela se fasse.
- Ubisoft, l’un des partenaires de Google sur Stadia, notamment avec le pass premium gratuit pendant 1 mois cet été, indique travailler au rapatriement de ses jeux sur la plate-forme maison Ubisoft Connect.
- Bungie, le studio qui développe le jeu Destiny 2, qui fut le premier gros jeu disponible sans abonnement pro sur le service de Google, cherche une solution pour migrer les comptes créés sur Stadia.
- Comment ne pas parler de ce joueur qui cumule près de 6000 h de jeu sur Read Dead Redemption 2 et qui implore Rockstar Games, le développeur, de faire quelque chose afin de ne pas tout perdre.
- Io Interactive indique son intention d’aider les joueurs de Hitman. Pas de plan précis pour l’instant, à surveiller.
Je suis heureux de constater que les développeurs bougent pour aider les joueurs et apporter des solutions. Il est prévu que des clés soient distribuées sur d’autres plates-formes que Stadia lors de la sortie de certains jeux. Mychromebook va suivre pour vous les annonces afin de vous tenir informé au plus vite des évolutions.
À lire aussi : Après la mort de Stadia, quelles sont les différentes solutions pour jouer sur Chromebook ?
Le public sera-t-il prêt demain à s’investir dans un nouveau produit Google ?
À ce niveau de l’article, on peut déjà se poser la question suivante : le public sera-t-il prêt demain à s’investir dans un nouveau produit Google ? Comme on vient de le voir en l’espace de trois ans, Google à créé un outil pour ensuite le mettre à la poubelle. Si cela a coûté au niveau humain et matériel du côté de la firme de Mountain View comme des développeurs indépendants ou des éditeurs tiers, quel est le coût pour le consommateur ? Il est immense, et ce, pour plusieurs raisons.
Tout d’abord, il y a ce sentiment d’avoir perdu son temps en croyant dans une solution de jeu simple à mettre en place. Ensuite, même si Google rembourse les jeux et le matériel acheté, que va-t-il devenir ? Sera-t-il utilisable sur d’autres plateformes ? Mais, le plus important est pour moi, la confiance ébranlée dans la longévité des produits proposés par Google.
La confiance peut-elle partir ?
Si aujourd’hui j’achète un smartphone Google Pixel, suis-je sûr que demain, il puisse continuer à recevoir des mises à jour de sécurité ? Quand on voit que moins d’une heure avant l’annonce de Phil Harrisson, les employés de Stadia ont appris la fermeture de leur entité. On peut très bien imaginer que Google cessera demain la création et la production des Google Pixel. Impossible ? Et, qui pensait il y a encore deux mois que Stadia fermerait ? Personne, je suis sûr. Pourtant, c’est acté aujourd’hui.
Même si Google rembourse les utilisateurs de leurs achats, on peut se poser la question de la confiance envers Google. C’est la confiance qui fait que j’achète telle marque d’une voiture, d’un ordinateur ou simplement d’une machine à laver. C’est la confiance aussi qui va faire que je vais plutôt utiliser tel moteur de recherche ou tel logiciel que plutôt que tel autre. Si je n’ai plus confiance, je vais me tourner vers telle autre marque. Par la fermeture de Stadia, Google a un peu perdu la confiance de ses consommateurs.
Qui perd le plus ?
Nous savons qu’aujourd’hui, il est possible de changer d’agence bancaire comme de système d’exploitation. Pour ce dernier, cela demande un peu d’apprentissage et pourtant, on va chercher à s’améliorer dans son emploi. Si cette confiance que je n’ai plus m’incite à me tourner vers tel autre OS qui perd ? L’utilisateur déçu ou l’éditeur ? Principalement, le second et il perdra plus vite qu’il n’a gagné.
Les causes probables de l’arrêt de Stadia
Il y a pour moi une totale incompréhension dans l’arrêt de Stadia. Pourtant, nous pouvons imaginer les différentes raisons.
La première qui ait dû peser n’est autre que l’inflation. Cette augmentation du cout de la vie se concrétisant pour Google par des restrictions d’embauches comme des vagues de licenciements. Évidemment, nous pensons immédiatement à la guerre en Ukraine ou encore l’embargo énergétique avec la Russie.
D’ailleurs, la facture énergétique rentre en ligne de compte, même si elle a su très tôt se tourner vers l’énergie solaire pour alimenter ses fermes de serveurs. Voici l’une des briques de la décision de fermer Stadia.
La seconde est, de manière concomitante, la récession. On entend par là le ralentissement de l’activité économique, et cela touche tous les secteurs de l’économie mondiale. Preuve de celle-ci, la baisse des actions d’Alphabet, maison mère de Google, a été sur un an de – 26,42 %.
La troisième brique est l’acquisition d’Activision Blizzard et de Bethesda par Microsoft. Avec ses deux achats, Microsoft coupe sous le pied l’accès à de grosses licences de jeux à Stadia. Même si la firme de Redmond promet de continuer à proposer ses licences de jeux sur les autres plateformes, nous pouvons imaginer que Google craignait la perte des licences telle que : Call of Duty, ,Crash Bandicoot, Diablo, Doom, OverWatch …
Il n’est pas évident de définir ce qui à fait que Google ait décidé d’arrêter Stadia. Cependant, nous pouvons imaginer que le géant de la recherche en ligne a dû faire des coupes budgétaires importantes. Évidemment, dans de telle condition, il a fallu choisir d’arrêter le service le “moins pire”. Est-ce que le choix s’est porté sur Stadia suite au peu d’utilisateurs, le faible rendement, les couts essentiels dû aux serveurs, l’achat des licences… Quoiqu’ il en soit, tous les éléments apportés ci-dessus ont très certainement pesé dans la balance contre Google Stadia
Google sort pourtant la tête haute
Même si Google arrête l’emploi de la plateforme Stadia, elle sort la tête haute. Il n’y a, en effet, que cette société qui peut se permettre de rembourser tous les utilisateurs de leurs achats. Que ce soit les jeux ou les périphériques tels que les manettes. Une goutte d’eau diront certains par rapport à la trésorerie de la firme de Mountain View. Sûrement, mais je connais trop de sociétés qui pour ne pas payer ont un jour fermé les portes et puis c’est tout. L’utilisateur du service payant se retrouvant fort marri.
Une communication bien ficelée, bien que….
Même si les employés de Stadia ont été informés de la fermeture une heure avant, reconnaissons une certaine élégance dans la manière d’annoncer l’arrêt de la plateforme aux utilisateurs. En effet, elle l’informe plusieurs mois en amont. Elle n’a pas fui ses responsabilités. De même, Google aurait aussi pu laisser mourir Stadia de sa belle mort si l’on peut l’appeler ainsi. Il n’en a rien été. Elle a préféré arrêter de manière brutale la fin de partie des jeux vidéos qu’elle voulait mettre en place et où elle avait en partie bien réussi. Vous trouverez sur cette page d’aide de Google, comment vont s’effectuer les remboursements des jeux comme des manettes.
Gros point noir de cet arrêt brutal : la communication vers ceux travaillant en périphérie. Ainsi, les développeurs apprennent la fermeture de Stadia de la même manière que les utilisateurs. Je pense spécialement à Tom Vian dont le jeu Tangle Tower sort au mois d’octobre. J’estime cela dommage. Si la firme de Mountain View sort la tête haute niveau utilisateurs, elle n’a pas la même correction à l’égard de ses partenaires. Surtout que des accords avaient été signés il y a encore quelques semaines.
La pétition
Bien sûr, face à une telle situation de fermeture de la plateforme Stadia, il ne pouvait avoir que des voix pour s’élever contre. L’une des nombreuses réponses a été la mise en ligne d’une pétition demandant de garder Stadia en vie. Permettra-t-elle de faire fléchir les dirigeants de Google ? Pourquoi pas, mais au vu du peu de personnes l’ayant signé, il y a peu de chance qu’elle puisse faire frémir le conseil d’administration de la firme de Mountain View.
Une vie après Stadia
Nous venons de développer un certain nombre d’éléments. Tout du moins, ceux qui ont été publics. De cette analyse rapide, il ressort que c’est un énorme gâchis humain et matériel. Voyons maintenant, un autre versant de ce qu’aura été cette plateforme de jeux vidéos, mais surtout la finalité de son existence.
Et, si Stadia n’avait été qu’une expérimentation à grande échelle pour quelque chose de plus grand. On peut, en effet, se poser la question sur ces quelques mots que distille Phil Harrisson à la fin de son communiqué concernant l’arrêt de la plateforme. Il déclare en effet “Nous voyons des opportunités évidentes d’appliquer cette technologie à d’autres parties de Google comme YouTube, Google Play ….”. Au vu de ce qu’a permis Stadia, on pourrait retrouver l’ensemble des jeux du Google Play Store accessible via le Cloud Gaming. Pour bien comprendre l’intérêt, imaginons que vous utilisez un smartphone sous Android ou même un PC sous Windows 11. Vous allez sur le Google Play Store, un jeu vous intéresse. Vous cliquez sur le bouton Installer qui n’est autre qu’une PWA, et dans l’instant suivant la vitesse de votre connexion, vous accédez au jeu qui se lance automatiquement.
Je clique, je joue !
Ce n’est plus “je branche, je lance, je joue” comme peut l’être la XBox ou autres consoles mais “je clique et je joue”. Un gain de temps énorme pour l’utilisateur qui pourra autant, effectuez ce type d’opérations sur un smartphone, un PC sous Windows comme sous chromeOS, mais également sur une tablette. La puissance de l’ordinateur comme de l’outil informatique n’entre plus en ligne de compte, uniquement la vitesse de transmission des données entre le serveur et ce terminal.
N’oublions pas que le Google Play Store est un service actuellement installé partout sur tous les smartphones sous Android. Et, ce quelque que soit la marque ou type de ce dernier. Ce sont donc chaque jour des centaines de millions de personnes, si ce n’est plus, qui vont sur le Play Store. Et, cela concerne pas que les smartphones. Je ne peux pas oublier les ordinateurs sous chromeOS comme sous Windows 11. On y télécharge autant des applications, que des films, des livres, et bien sûr des jeux. Comme me l’indiquait @Nicolas, pourquoi ne pas imaginer demain un espace cloud, ou serait proposé des milliers de jeux, du plus simple au plus compliqué.
La vie future de Stadia ne s’arrêterait pas qu’au Google Play Store. Ainsi, comme l’écrit Phil Harrisson “...nos efforts de réalité augmentée (AR) – ainsi que de la mettre à la disposition de nos partenaires de l’industrie, ce qui correspond à l’avenir du jeu.”. Tout est dit, et pourquoi pas en marque blanche pour des acteurs qui auraient besoin des infrastructures comme des compétences acquises par Google.
Et si Stadia avait été saboté volontairement dès le début ?
Lorsque Google a lancé Stadia en 2019, elle n’avait aucune connaissance des jeux vidéos. Son univers impitoyable, ses méthodes, ses codes. De plus, elle n’avait pas l’aura d’une marque. Je pense bien sûr à Microsoft avec la XBox, Sony avec la PS/4 et Nintendo avec la Switch. Ces trois marques sont des institutions dans l’univers du jeu vidéo, et moi-même n’ayant aucune attirance pour ce mode de “distraction”, je connais quand même celles-ci. Il y avait donc de la part de Google un facteur qu’il lui fallait connaître. Je veux bien sûr parler de l’appétence ou plus simplement la curiosité qu’elle devait créer vis-à-vis de la plateforme Stadia.
A-t-elle eu la volonté de créer cette envie, un désir ou uniquement donner la curiosité au joueur utilisant une autre plateforme de venir sur celle de Stadia ? On peut se poser la question par sa communication qu’un stagiaire pris au hasard aurait largement pu remplir. De même, la nomination de Phil Harrisson, n’était-elle pas voulue, en sachant comme je l’indiquais que dans les précédentes entreprises, il n’avait vraiment pas su créer ce que l’on attend potentiellement d’un entrepreneur de jeux vidéos. Bref, une volonté manifeste que Stadia ne réussisse pas, tout en donnant l’image qu’elle désirait quand même que cela fonctionne. En apparence.
Stadia, un terrain de jeu pour Google ?
Stadia, comme je l’indiquais, n’était-elle pas enfin de compte qu’une expérimentation ? Une de plus de la part de Google qui viendra garnir le cimetière des applications et autres de la firme de Mountain View ? Renaissant le lendemain sous la forme d’une fonction que l’on qualifiera d’utile dans une application déjà existante. Ils sont nombreux les outils proposés dans le passé par la firme de Mountain View, passées volontairement de “vie à trépas”.
Google ayant un formidable terrain de jeu qu’est le consommateur, il lui est permis de tester une application pour voir ce qui fonctionne à l’intérieur de celle-ci. Après avoir collationné les informations qui lui semblent les plus importantes et intéressantes dans le fonctionnement, elle “tue” celle-ci. Il ne lui reste plus qu’à reprendre les informations qui l’intéressent, pour les réinjecter dans une application tierce, en supplément d’autres outils qu’elle contient. Il ne s’agit pas de science-fiction de ma part, mais bien d’une réalité qu’il nous est permis de constater régulièrement. Je pense à Hangoust, Duo, et bien d’autres.
Le cimetière des applications de Google n’est pas un lieu vide de sens
Certains se gaussent du nombre d’applications ou outils qui garnissent le cimetière virtuel de Google. Est-ce le cas pour les autres sociétés comme Apple, Microsoft et bien d’autres ? Je ne pense pas et ceci pour une raison simple : elles ne sont pas à toujours vouloir chercher de nouveaux outils ou applications. Quand elles sortent un produit, elles vont le garder pendant des années. S’il fonctionne mal ou ne rencontre pas le succès escompté, elles le laissent sur le marché. À l’inverse, Google test de manière permanente de nouvelles applications, comme de nouveaux produits. Le but étant bien sûr de trouver la martingale gagnante, mais également de répondre à la demande des utilisateurs. Par de nouveaux produits innovants.
A l’image des tontons flingueurs
Comme le dit @Nicolas en parlant du cimetière des applications de Google, plus il sera garni, plus cela montrera la bonne santé d’ingénierie de la société. Cette capacité de création est, en effet, le moteur de la firme de Mountain View. Bien sûr, elle propose actuellement une gamme de produits gagnants, mais cela sera-t-il le cas demain ? Pour assurer une pérennité de la marque, elle se doit de se renouveler de manière permanente. Pour reprendre un des dialogues du film Les tontons flingueurs “On naît. On vit. On trépasse”. C’est un peu le même schéma de “vie” pour un logiciel. Il est proposé comme peut l’être un moteur de recherche. Il fonctionne pendant de nombreuses années. Un jour, il est mis “au rebus” car ses fonctions ne sont plus optimisées ou ne correspondant plus aux canons de l’ingénierie.
Afin de pouvoir garder cette place qui est actuellement la sienne, Google se doit donc de chercher de manière permanente, de nouvelles fonctions, applications comme des outils qui pourront être gratuits ou payant suivant les fonctions demandées. Cette marche en avant passe par la recherche, mais également par des tests en temps réel. Une telle démarche dans l’ingénierie machine comme logiciel doit, à n’en pas douter, coûter une fortune pour Google. C’est le prix à payer pour rester sur la première marche, autant de la recherche que des services qu’elle propose.
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Stadia est Game Over
Stadia est donc Game Over. Le 18 janvier 2023, cette plateforme va fermer ses portes. Nous aurons été nombreux à y croire et surtout nous, les possesseurs de Chromebook. Il nous était agréable de montrer aux détracteurs de cet outil, qu’il était possible de l’employer pour des jeux vidéo. Je dirais que c’était la Belle Époque. Que nous pouvions nous sentir fort et confiant dans ce que nous proposait Stadia avec des jeux vidéos tous plus prenant les uns que les autres, suivant nos âges, mais également nos envies du moment.
On y trouvait aussi un espace de plaisir en se plongeant dans des mondes parfois étonnants, nous permettant autant de rêver que de nous évader pour un court moment du réel. Rien que pour cela, on peut remercier Google d’avoir su nous permettre d’avoir des étoiles dans les yeux. Alors demain, tel le Phénix, où va renaître l’outil Stadia ? Il ne portera à n’en pas douter plus ce nom. Sera-t-il présent dans le Google Play Store ou dans le Google Play Pass ? L’avenir nous le dira, mais il est certain, qu’il nous tarde de retrouver son empreinte.
Cet article n’a pu être écrit qu’avec l’aide importante de @Nicolas mais également de @Sylvain, tant au niveau de l’écriture de certaines parties du texte, comme d’une relecture minutieuse. Pour la petite histoire, il aura nécessité de nombreuses recherches, comme d’interminables discussions lors de son élaboration.
Il nous a semblé important que cet article existe pour une raison simple : nous souvenir, mais également analyser les différentes possibilités de l’arrêt de Stadia. Car, malgré plusieurs recherches de notre part, nous n’avons pas trouvé de papier permettant de comprendre l’arrêt de cette plateforme. Il nous a donc paru important de réparer cet oubli. On y apporte quelques réflexions sur les possibles raisons de son arrêt. Sont-elles fondées ou simplement dû à une imagination trop fertile ? Comme @Nicolas et @Sylvain, je ne peux pas répondre à cette question. Finalement, c’est peut-être à Google à nous apporter la réponse en relançant Stadia sous une autre forme.
Bonjour, je reviens sur votre excellent article pour partager deux réflexions qu’il m’inspire.
Tout d’abord, sur la confiance : Google a effectivement abandonné des Pixel récemment. Il s’agit de ses Pixelbook dont il a annoncé arrêter le développement. Exit les Chromebook Google …
Ensuite, concernant Stadia, il y a le développement de Steam sur ChromeOS et l’avenir qu’on espère prometteur du portage des jeux tactiles présents dans le Play Store pour une utilisation clavier-souris sur Chromebook. En conséquence, l’investissement dans Stadia était-il suffisamment rentable au regard de ce que peuvent (r)apporter ces deux dernières voies ?
Bonjour
Merci d’avoir apprécié cet article fait à quatre mains. Tout d’abord, quand je parle de la confiance dans une marque, il est vrai qu’une marque de la technologie ne peut principalement s’appuyer que sur celle-ci. Il ne peut pas être autrement. Et l’une des meilleures réactions de la fermeture de Stadia, je l’ai trouvé dans le NY. Cette personne déclare en effet “Cela s’appuie sur les pires perceptions de Google, à savoir qu’ils sont rapides à innover et rapides à jeter le bébé avec l’eau du bain”, a-t-il déclaré. “Les personnes qu’ils blessent le plus sont les personnes les plus attachées à la marque.” C’est un peu la même réaction pour ce qui concerne l’arrêt des Chromebook fabriqué par Google.
En tant qu’utilisateur des produits de la marque Google, nous sommes attachés à ce qu’elle produit. Mais au vu des revirements, mais également des fermetures ou arrêt de produits, jusqu’à quand le consommateur sera-t-il prêt à suivre Google ? On peut arguer des économies de moyens comme le déclarait Sundar Pichai, le directeur général de Google. Il a lancé ce qu’il appelle un « sprint de simplicité », un effort pour améliorer l’efficacité des entreprises et réduire les dépenses inutiles. La société a ainsi récemment réduit le financement et les emplois de son incubateur technologique interne, Area 120, et a annulé les voyages d’affaires inutiles.
Maintenant, vous posez la question de la rentabilité de Stadia “post mortem”. Elle existe, puisque Google a commencé à vendre bien avant la fermeture de ce service, cette technologie de streaming sous-jacente à d’autres entreprises. Le contexte économique mondial a amené une firme comme Google à se recentrer sur son cœur de métier. Est-ce une anticipation de la récession économique qui va s’imposer dans les prochains mois/années ? On peut le penser vu que YouTube a annoncé en janvier qu’il cesserait de produire du contenu original.
Pour le reste je laisse @Nicolas ou même @Sylvain, apporter leurs points de vue.
Cet article abouti est un long et funeste fleuve…….mais tout y est….bravo!
C’est un travail à 4 mains qui donne un bel article .. c’est top ..
Que dire de plus, rien. Bravo, l’article est ultra complet. J’aime beaucoup l’analyse sur une possible transition technologique vers le Play Store. Merci pour ce super boulot de réflexion et d’écriture.
Merci beaucoup pour ton retour, Bravo à Laurent et Sylvain