Vous écoutez le quinzième épisode de L’after Show, votre rendez-vous quinzomadaire qui parle de Google, de ChromeOs et des Chromebook. Jeudi 29 septembre 2022, Google annonce officiellement la fin de sa plateforme de cloud gaming STADIA. Avec cette solution de jeux, nos Chromebooks se transformaient en véritable machine de jeux. Cyberpunk, Fifa, et bien d’autres tournaient parfaitement sur ChromeOS. Mais voilà, la fête est finie et Google enterre Stadia. Nous allons ensemble revenir sur les grandes étapes marquantes de Stadia qui l’ont peut-être rapprochée progressivement vers une fin que certains avaient vue venir dès son lancement. Stadia la Google de bois !

Je suis Nicolas, facilitateur numérique et je suis accompagné de mes acolytes habituels  Sylvain et Thierry.

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Naissance de Stadia : points positifs

C’est le 19 novembre 2019 qu’a été présenté Stadia. Auparavant, il était appelé Project Stream, durant son développement. Lors de la sortie de Stadia, il est promis les capacités suivantes :

  • Jeux en définition 4K avec 60 images secondes,
  • au même niveau que la PlayStation de Sony, de la Xbox de Microsoft ou de Nintendo,
  • mode multijoueurs,
  • possibilité de jouer sur le site YouTube en invitant des joueurs pendant la partie. 

Les jeux proposés par Stadia

Cependant, Google travaillait pour améliorer cela et au bout de 3 ans d’existence, beaucoup de jeux sont proposés. Preuve en est, comment ne pas parler de FIFA. C’est la référence footballistique présente partout depuis FIFA 21, y compris en précommande (FIFA 23 si tu nous entends, nous pensons à toi). Ensuite, si vous discutez avec Nicko, Cyberpunk vient forcément sur la table. C’est une grosse licence, gros jeu et belle optimisation, rien à dire de plus. Un plaisir d’y jouer sur la plateforme de Google. On ne peut pas non plus passer à côté de Destiny 2. C’est le jeu de shoot multijoueur dont nous parlerons après. Il est également disponible et jouable gratuitement.

Bien sûr, le catalogue est varié et va de Hitman à Tomb Raider, en passant par des jeux en famille comme Overcooked. Les jeux de gestion sont de la partie comme City Skylines.

Bref, il est possible de se trouver une petite pépite comme Outcasters ou de jouer à du gros jeux bien connus comme PUBG. Pourtant, je reste mitigé sur le contenu et la profondeur du catalogue proposé, malgré de gros efforts pour travailler avec les développeurs.

 Stadia la Google de bois
Stadia la Google de bois

Points négatifs

Des annonces qui n’ont jamais été réalisées dans les temps

Une des annonces les plus intéressantes lors de la présentation de Stadia, était la possibilité de la diffusion, comme la participation d’une partie dans YouTube. Avec Party Stream, il était possible de jouer jusqu’à neuf personnes. Annoncée en 2019, ce n’est qu’en août 2022 que fut mis en place cette fonction. À peine deux semaines après, était annoncé la fermeture de Stadia pour le mois de janvier 2023. Voilà, un autre exemple frappant de la communication qui a été mal faite. Il aurait été si simple de ne pas en parler pour l’indiquer le moment voulu. Alors que les joueurs attendaient cette possibilité dès le début, ils ont dû patienter, sans comprendre réellement l’annonce faite. 

Arrêt de son studio de production 

Nous sommes en 2019, Google lance le studio Stadia Games and Entertainment dans le but de développer des jeux exclusifs pour la plateforme de cloud gaming de la firme de Mountain View. On voit les choses en grand et les yeux des joueurs brillent en imaginant déjà de superbes jeux. Et, cela se comprend. On retrouve à la tête de ce nouveau studio Jade Raymond (Assassin’s Creed), une productrice canadienne de jeux vidéo. 

Bref, c’est du lourd et l’on peut s’attendre à juste raison à des jeux qui vont rapidement pouvoir s’imposer sur Stadia et pourquoi pas sur d’autres plateformes. Google semble avoir trouvé la martingale gagnante.

La mariée paraissait trop belle. Gros aveu d’échec, après à peine un an et demi d’existence, le studio ferme ses portes en février 2021… Sans avoir lancé le moindre jeu. Cela fait couler beaucoup d’encre, et l’on annonce la mort prochaine de Stadia, qui ne s’en relèverait pas.

Le studio comptait 150 salariés, répartis entre les sites de Montréal et Los Angeles.

Une communication déficiente

En dehors de la nomination de Phil Harrison qui n’a rien arrangé (voir plus bas), l’autre raison de la fermeture de Stadia vient de sa communication déficiente qui s’est faite en catimini. Jamais, Google n’a cherché à vraiment mettre Stadia en avant. À croire qu’il n’y croyait pas ou plus du tout, même le jour de son annonce en 2019.  Un exemple simple, montre à quel point le service communication de Stadia allait à rebours de toute promotion dans ses produits. L’annonce des jeux offerts se faisait alors qu’ils étaient déjà proposés depuis plusieurs semaines. Pas de teasing en amont, qui aurait donné l’envie et l’attente aux joueurs.

Je ne vous apprendrai rien, en vous indiquant que Google a un blog permettant de faire des annonces. Ce fut dans cet espace que Phil Harrison indiqua la fermeture de Stadia. Alors qu’une telle annonce devrait être mise en avant dans la section Stadia, nous trouvons à la place un article sur le jeu Village / Resident Evil. Qui date du 9 juin 2022 ! Qui dit mieux ? 

Google est la première agence mondiale du web et pourtant elle ne sait pas communiquer. Ou alors, elle le fait express, de peur comme je l’ai déjà dit de se retrouver taxée pour monopole trop important, tellement elle aurait de succès. Une chose est sûre, jamais Google n’a cherché à mettre en avant le produit Stadia, qui ne demandait qu’à être connu. Il lui aurait été si facile de communiquer autant sur YouTube que tous les autres fils de publicité qu’elle peut avoir. Je pense entre autres à la société Ads qu’elle détient. 

Phil Harrison : c’est la mort annoncée de Stadia 

Preuve de l’incapacité de Phil Harrison de gérer convenablement une entreprise, au 3 octobre 2022, jour de la rédaction de cet article, on peut trouver sur le site de Stadia, la possibilité d’acheter encore des jeux. Pire, ceux qui sont sortis le 1ᵉʳ octobre 2022. Soit deux jours après l’annonce d’arrêt de Stadia. De qui se moque cette personne ? Comment ne peut-on pas voir la responsabilité patente de Phil Harrison dans la gestion de Stadia.

L’annonce de la fermeture

C’est en catimini que Google a annoncé la fin de partie de Stadia. Comme s’il s’attendait à des réactions importantes de la part du public. Ce dernier semblait investir le site de Stadia pour jouer à des jeux. Il y en avait pour tous les goûts et bien sûr tous les âges. Il était si facile de s’immerger dans un univers ludique : un Chromebook ou tout autre ordinateur ou un smartphone, une connexion au site stadia.com et l’on pouvait s’amuser pendant des heures. Pas besoin d’installer des fichiers ou autres, nul besoin d’un outil puissant. La preuve, même un Chromebook à 200 € suffisait largement pour jouer. Bien sûr, la carte vidéo pouvait ne pas afficher tous les prismes du jeu, malgré cela on passait de bons moments. Seule obligation : l’emploi du navigateur web Google Chrome. 

Preuve de la discrétion tenue par Google pour ne pas trop mettre en avant cet article de blog de Phil Harrison, Vice-président et directeur général, Stadia. Il n’est pas positionné en première partie du blog de Google, mais plutôt dans les tréfonds du site. Une manière de montrer que la firme de Mountain View désire tourner la page au plus vite. 

Google sort pourtant la tête haute 

Même si Google arrête l’emploi de la plateforme Stadia, elle sort la tête haute. Il n’y a, en effet, que cette société qui peut se permettre de rembourser tous les utilisateurs de leurs achats. Que ce soit les jeux ou les périphériques tels que les manettes. Une goutte d’eau diront certains par rapport à la trésorerie de la firme de Mountain View. Sûrement, mais je connais trop de sociétés qui pour ne pas payer ont un jour fermé les portes et puis c’est tout. L’utilisateur du service payant se retrouvant fort marri. 

Même si les employés de Stadia ont été informés de la fermeture une heure avant, reconnaissons une certaine élégance dans la manière d’annoncer l’arrêt de la plateforme. En effet, elle l’informe plusieurs mois en amont. Elle n’a pas fui ses responsabilités. De même, Google aurait aussi pu laisser mourir Stadia de sa belle mort si l’on peut l’appeler ainsi. Il n’en a rien été. Elle a préféré arrêter de manière brutale la fin de partie des jeux vidéos qu’elle voulait mettre en place et où elle avait en partie bien réussi. Vous trouverez sur cette page d’aide de Google, comment vont s’effectuer les remboursements des jeux comme des manettes.  

Gros point noir de cet arrêt brutal : la communication. Ainsi, les développeurs apprennent la fermeture de Stadia en même temps que tout le monde, spécialement Tom Vian dont le jeu Tangle Tower sort au mois d’octobre. Je trouve ça dommage que Google sorte la tête haute niveau utilisateurs, mais n’ai pas la même correction à l’égard de leurs partenaires.

La pétition 

Bien sûr, face à une telle situation de fermeture de la plateforme Stadia, il ne pouvait avoir que des voix pour s’élever contre. L’une des nombreuses réponses a été la mise en ligne d’une pétition demandant de garder Stadia en vie. Permettra-t-elle de faire fléchir les dirigeants de Google ? Pourquoi pas, mais au vu du peu de personnes ayant signé la pétition, il y a peu de chance qu’elle puisse faire frémir le conseil d’administration de la firme de Mountain View. 

Les causes probables de l’arrêt de Stadia

Il y a pour moi une totale incompréhension d’avoir arrêté Stadia. Et, ceci pour plusieurs raisons, mais auparavant, je souhaiterais en écarter certaines qui me semblent improbables. On peut avancer l’inflation, et donc l’augmentation du coût de la vie. Il est sûrement vrai que le prix à payer pour refroidir les serveurs de Google a dû augmenter de manière importante. Je ne vois pas l’impact sur le prix à supporter par l’emploi spécifique pour Stadia, comparé à la masse des services que propose Google. On peut ensuite avancer le motif de la récession et en conséquence un repli de la société Google sur ses fondamentaux. Je ne la vois pas pourtant avoir aujourd’hui des soucis de trésoreries. Enfin, dernière raison, la guerre en Ukraine. J’aurais presque envie de dire qu’elle a bon dos. Je reconnais volontiers que ce conflit, entraîne de part et d’autre des situations affreuses pour les populations. Mais, que diable vient faire la fermeture de Stadia dans cette tuerie ? 

Une raison plus probable de la fermeture de Stadia est le rachat d’Activision Blizzard par Microsoft en janvier 2022. Ainsi Activision Blizzard serait une entité sœur de Xbox Game Studios dans le cadre d’une nouvelle division Microsoft Gaming. Même si la somme avancée est de 68,7 milliards de dollars, soit environ 60 milliards d’euros, on peut penser Microsoft a cherché de manière indirecte à casser Stadia. 

L’après Stadia

Les jeux seront-ils jouables sur d’autres plateformes ? 

Une fois le choc de l’annonce passé, beaucoup de questions légitimes se posent, et surtout sur les jeux.

Déjà seront-ils jouables sur d’autres plateformes ? Comme annoncé précédemment, le jeu Gylt sorti en exclusivité sur Stadia en 2019 est en négociation afin d’être porté sur d’autres plateformes et nous espérons pour Tequila Works et les joueurs que cela se fasse.

  • Ubisoft, l’un des partenaires de Google sur Stadia, notamment avec le pass premium gratuit pendant 1 mois cet été, indique travailler au rapatriement de ses jeux sur la plate-forme maison Ubisoft Connect.
  • Bungie, le studio qui développe le jeu Destiny 2, qui fut le premier gros jeu disponible sans abonnement pro sur le service de Google, cherche une solution pour migrer les comptes créés sur Stadia.
  • Comment ne pas parler de ce joueur qui cumule près de 6000 h de jeu sur Read Dead Redemption 2 et qui implore Rockstar Games, le développeur, de faire quelque chose afin de ne pas tout perdre.
  • Io Interactive indique son intention d’aider les joueurs de Hitman. Pas de plan précis pour l’instant, à surveiller.

Des périphériques pour jouer et que vont-ils devenir ?

Dès l’annonce officielle de Stadia, il ne faut pas oublier que du hardware a été proposé. Je pense bien sûr à la manette officielle et jouable uniquement sur cette plateforme. Justement, cette mort du service maison pose beaucoup de questions, notamment écologiques au regard de cette manette. En effet, celle-ci est utilisable en wifi, mais se configure par Bluetooth. Gros problème, celui-ci est bridé et ne permet pas de se connecter sur un autre service que celui de Google. En l’état, si rien n’est changé, la manette va devenir un simple objet filaire (peu optimisé pour la concurrence) ou un déchet électronique pour la plupart des joueurs, habitués aux manettes Bluetooth. (Qui a dit presse livres dans l’assistance ?)

Je reste pourtant optimiste pour une seconde vie de la manette Stadia. En effet, sur l’aide en ligne la concernant, on peut lire “Ce produit est équipé d’une radio Bluetooth Classic. À l’heure actuelle, aucune fonctionnalité Bluetooth Classic n’a été activée, mais cette situation peut évoluer. L’Assistant Google n’est pas disponible en finnois pour le moment.” Il ne reste donc plus qu’à toucher du bois et espérer que les équipes techniques de Stadia vont y arriver. 

Stadia la Google de bois

Peut-on imaginer demain un nouveau Stadia, animé par une autre  société ? 

Il est certain que Google ne reviendra pas de sitôt dans la partie gaming ou jeu vidéo comme on l’entend actuellement. À moins d’un grand bouleversement, elle ne peut que laisser cet espace à d’autres acteurs. Comme Microsoft par exemple. Pourtant, oui pourtant, cette manière d’aborder le jeu vidéo pour l’utilisateur, il est certain qu’il ne pourra que perdurer. Une telle facilité permise pouvant se résumer à “je branche, je lance, je joue”, ne peut pas s’oublier. Encore moins être gommée. Même si le nombre de joueurs qui ont envahi l’espace Stadia est moindre que ceux jouant avec XBox et autres, il est sûr que ceux-ci ne pourront que regretter la facilité d’emploi qu’offrait l’outil de Google. 

Je fais confiance à Google pour trouver la manière de réinvestir cet acquis dans d’autres outils qui sait plus performants. J’en veux pour preuve, l’une des parties du texte de Phil Harrison qui indique “La plate-forme technologique sous-jacente qui alimente Stadia a fait ses preuves à grande échelle et transcende les jeux. Nous voyons des opportunités évidentes d’appliquer cette technologie à d’autres parties de Google comme YouTube, Google Play et nos efforts de réalité augmentée (AR). Ainsi que de la mettre à la disposition de nos partenaires de l’industrie, ce qui correspond à l’avenir du jeu.”. Peut-on espérer demain une continuité de Stadia ? A suivre…

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