Après Microsoft et Google, c’est un autre GAFAM qui se lance dans la course au cloud gaming. Après avoir mis un pied dans le jeu vidéo en rachetant Twitch il y a quelque temps, Amazon rentre dans la course du Cloud Gaming. Une demi-surprise qui risque de changer un peu la donne pour les autres.

Au commencement était le livre.

Certains l’oublient parfois, mais Amazon est au départ un service de livraison de livres qui a passé quelques années avant de devenir rentable. Vivement critiquée aujourd’hui la société utilise un modèle économique particulier visant à proposer un service à bas prix assez longtemps pour rester le dernier survivant du secteur. Après un procès de plusieurs années initié par l’industrie du livre, Amazon c’est par exemple vu obligé de ne plus proposer les frais de port gratuits sur l’envoi de livres et les a ainsi fixés à 0,01€. Certains diront que c’est fourbe et malin, d’autres que c’est dégueulasse, dans tous les cas le grand gagnant est avant tout le consommateur qui continuera de commander à bas prix avec le service logistique ultra efficace d’Amazon en plus.

Le cas d’Amazon est un vaste débat de pour et de contre. Ils ne payent pas forcément leurs impôts en France mais y créent de l’emploi (la plateforme la plus proche de chez moi à en effet recrutée pas mal de monde). Sans être les moins chers sur certains produits (mon petit libraire de quartier propose globalement les tarifs d’Amazon), la société propose en revanche un service de livraison d’une efficacité jamais vu ailleurs. Commandez un produit vendredi soir et il sera dans votre boite aux lettres lundi ou mardi sans soucis si vous êtes abonné prime.

L’arrivée dans la vidéo

Si l’entreprise de Jeff Besos a démarré en vendant des livres, la plateforme de vente est aujourd’hui présente sur tous les secteurs et Amazon s’est même lancé sur le marché de la SVOD. Concurrençant directement Netflix le service Amazon vidéo a pris une place dans de nombreux smartphone puisqu’elle est compatible avec les Chromecasts dont nous sommes si friands à la rédaction. Mais en proposant aussi son propre récepteur Amazon Fire la firme a su convaincre un autre type de public plus traditionnel grâce à sa télécommande fournie de base dans le pack. Mon papa a ainsi préféré investir dans un Amazon Fire plutôt qu’un Chromecast, lui permettant de ne pas avoir à utiliser son téléphone pour profiter du service.

Et comme Amazon a son propre modèle économique, le service Amazon Vidéo est inclus aux abonnés Amazon Prime, permettant de nombreux avantages sur leur plateforme de vente (livraison plus rapide, garanties étendues, etc) pour seulement une cinquantaine d’euros par ans. Le service vidéo est donc offert aux abonnés prime qu’ils s’en servent ou non. De la même façon, les abonnés Freebox Delta bénéficient d’un compte Amazon Prime inclus à leur abonnement et ainsi donc au service Amazon vidéo sans surcoût. Une politique tarifaire agressive qui correspond bien aux habitudes de la firme.

Côté service, Amazon vidéo peine à convaincre certains publics par son catalogue. À titre personnel, j’utilise cette plateforme comme mon diffuseur officiel de nanars (après Noze, mon premier fournisseur en DVD de série B). J’ai pu y découvrir l’excellent Iron Sky, et sa bien moins bonne suite, le décalé Les zombis font du ski, ou le très classique Battlefield Earth, grand nanar signé Travolta. Le service général proposé est parfois à la ramasse, des affiches déformées, aux films pas forcément en français dès leur mise en ligne, ça sent fort le bricolage, mais après tout à ce tarif est-ce grave ? 

D’un autre côté Amazon vidéo propose aussi de vrais productions qualitatives qui ont su conquerir un vaste public (dont Nico), avec Le maitre du haut château, The boys ou encore euh… Je laisse Nico vous aiguiller si vous voulez en savoir plus, je suis plutôt branché nanar moi.

La télévision du jeu vidéo

Il y a quelque temps, Amazon a mis un pied dans l’univers du jeu vidéo en faisant l’acquisition de la plateforme de diffusion Twitch. Pour ceux qui ne connaissent pas le service il s’agit d’un site de diffusion de jeux vidéo en direct. Chaque joueur, vous, moi, votre neveu Kevin, ou même votre tonton Dédé peut jouer en direct et diffuser (streamer en anglais) sa partie pendant que ses amis, sa famille ou d’illustres inconnus le regardent et participent au chat. Avec le temps, la gigantesque plateforme est devenue est un peu devenu la télévision des jeunes, qui passent des heures à regarder d’autres gens jouer, plutôt que Cyril Hanouna. Véritable phénomène générationnel (Tonton Dédé déteste les streams, mais Kevin déteste Hanouna) la plateforme est aujourd’hui un incontournable que Google tente de concurrencer avec son service youtube gaming.

Stadia avec un chapeau et une moustache

La semaine dernière Amazon rentre dans la course du Cloud Gaming, en annonçant l’arrivée de Luna, son propre service de cloud gaming. Il suffit de jeter un œil à la manette pour y voir une nette ressemblance avec celle de Stadia et un service lui aussi très proche. Difficile d’obtenir des informations fiables sur Luna en dehors des autres sites d’actu, le site d’Amazon ne proposant que quelques captures d’écrans et un maigre communiqué de presse nous annonçant un tarif pour l’early acces (5,99$/mois) et les futurs appareils supportés.

En pure supposition concernant les habitudes d’Amazon, on peut espérer voir Luna s’intégrer aux services des abonnés Amazon Prime. Le véritable Netflix du jeu vidéo pourrait ainsi arriver, en concurrence au X-cloud de Microsoft et Stadia de Google. À l’instar d’Amazon vidéo, Luna se sera certainement pas aussi fignolé en termes de qualité de service que la concurrence, que ce quoi au niveau du catalogue ou de l’expérience, mais proposera une politique tarifaire ultra agressive qui forcera les autres à s’adapter. De plus, si Google met en avant la fonctionnalité click & play de Stadia, Amazon a de son côté Twitch qui pourra très certainement s’intégrer avec Luna de façon intéressante. Twitch propose déjà à l’heure actuelle des intégrations avec certains jeux, les petits français de chez Nova box ont par exemple implémenté une fonction permettant au chat d’un stream Twitch de voter pour les choix de leur jeux narratifs. Tout l’enjeu des services de streams (Twitch ou Youtube gaming) étant de proposer une expérience ou le joueur n’est pas simplement spectateur mais aussi acteur de ces systèmes interactifs.

À la rédaction, on pense depuis longtemps que Stadia finira par passer sur un modèle proche du Netflix pour les abonnés Pro. Si je possède aujourd’hui une quarantaine de jeux offerts sur Stadia suite aux nombreux mois d’abonnement, un nouvel abonné n’en aura malheureusement pas autant. Amazon annonce un catalogue d’une centaine de jeux qui devrait faire pencher la balance en sa faveur.

Reste à voir si l’arrivée d’Amazon dans la course poussera Google vers ce modèle ou non, la concurrence commençant à se faire sentir entre les GAFAM (Et Apple n’est sans doute pas très loin). Luna d’Amazon vous fait-il envie ou attendez-vous de voir le marché se décanter, dites-le-nous en commentaires. 

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