Apple, aurait-elle peur de la force de vente des produits Google ?  En déclarant que le nouveau iPad Mini était trois fois plus puissant  que le Chromebook le plus vendu, la firme de Cupertino a montré qu’elle se posait des questions sur son propre écosystème comme des produits qu’elle propose. Elle qui axe la mise en valeur de ceux-ci sur leurs beautés comme d’une certaine idée de l’objet unique, se retrouver distancer par un marchand de données, lui pose un véritable problème. On l’a vu avec son ouverture de l’Apple Tv sur les Chromecast Google Tv, mais également la mise en place d’un store sur le site marchand d’Amazon. Cela s’inscrit dans une volonté de retrouver des parts de marché perdus au bénéfice d’Alphabet.

Cette manière de contrer le succès grandissant des Chromebook et par là même de Google, montre à quel point la menace devient importante. Car saviez-vous qu’aujourd’hui 50% des meilleures ventes d’ordinateurs portables sur Amazon sont des Chromebook ? Les miettes si on peut les appeler ainsi sont partagées entre Microsoft et Apple. 

Une certaine idée de la force des Chromebook

Google est peut-être la pire agence de publicité pour promotionner ses produits, mais elle arrive quand même à très bien les vendre. Cela concerne en particulier les Chromebook. Une telle insolence dans les ventes s’explique par le positionnement actuel de ces ordinateurs. Un tel succès s’explique par le biais de plusieurs facteurs. Il y a déjà le prix de vente dont le premier commence sur le store français à 289 €. Placé dixième, il s’agit de l’Acer Chromebook Spin CP311-3H-K63V.

C’est un ordinateur constitué d’un écran tactile de 11,6’, fonctionnant avec un processeur Mediatek MT8183, de 4 Go de Ram et 32 Go eMMC. Pouvant être utilisé autant en position tente qu’en position tablette, il a une autonomie de 16 h. Je reconnais que ce n’est pas un foudre de guerre et pourtant il permet d’aller sur l’Internet, donc d’utiliser les web applications de Google, regarder des vidéos et dire coucou à Mamie. Il s’agit ici d’un produit parfaitement adapté autant pour la ménagère de cinquante ans que pour l’adolescent qui désire utiliser un ordinateur offert par ses parents.  

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50% des meilleures ventes d’ordinateurs portables sur Amazon sont des Chromebook

Quand on regarde le nombre de Chromebook vendus sur le site Amazon France à la section Les meilleures ventes, sur les dix premières places, cinq se positionnent dans le classement. Un tel nombre montre à quel point Google truste le marché. Nous indiquions le prix, mais d’autres paramètres rentrent en ligne de compte. Le plus important à nos yeux après le prix d’achat reste la confiance dans l’avenir.

50% des meilleures ventes d'ordinateurs portables sur Amazon sont des Chromebook

Dit autrement, la conjoncture mondiale ne pousse pas les consommateurs à s’offrir des produits chers. Il est courant de dire, que dans des périodes d’incertitude, la tendance est à l’économie afin de se constituer un bas de laine, dans l’attente de jours meilleurs. En France, la dernière étude de l’Insee montre que la consommation des ménages en biens a diminué nettement en mars 2021, soit -1,1%. Pour être précis, sur l’ensemble du premier trimestre 2021, la consommation des ménages en biens rebondit modérément (+1,2 % après –4,1 %), et reste inférieure de 1,5 % à son niveau du quatrième trimestre 2019.

50% des meilleures ventes d'ordinateurs portables sur Amazon sont des Chromebook
La consommation des ménages en biens diminue nettement en mars 2021 (–1,1 %)

Inscrire le Chromebook sur le long terme

Afin de pérenniser son influence sur les consommateurs, Microsoft avait en son temps, investi dans le milieu scolaire. Elle était ainsi sûre de garder au-delà de l’adolescence, l’utilisateur qui avait pris l’habitude d’employer ses outils. Apple avait, elle aussi, fait cette démarche, mais a abandonné ensuite le marché. Google a effectué le même démarchage auprès des établissements scolaires Us, avec quand même un atout en plus : la simplicité d’emploi de Chrome OS. 

Si avec Windows, il faut reconnaître que les bugs sont encore aujourd’hui un frein à l’emploi immédiat, il en est tout autrement avec Chrome OS. On ouvre, on s’identifie, le compte Google est ouvert. Tout cela en dix secondes environ.  La modularité par le biais d’une administration centralisée au niveau de l’établissement scolaire permet de plus de personnaliser à la carte un groupe d’ordinateurs. La sécurité des données étant un atout important, Google par le biais de Chrome OS, a assuré une protection de celles-ci permettant d’instaurer une relation de confiance. Autant avec l’établissement scolaire, l’étudiant (jeune ou adolescent), mais également avec le cercle familial, puisque assuré que les données ne se perdraient pas dans la nature. 

S’inscrire dans les gênes des utilisateurs

Dans sa démarche, Google inscrit Chrome OS dans “les gênes” de ces jeunes utilisateurs. De plus, l’ergonomie et le côté tactile de l’outil rendent ce dernier attractif.  Que l’utilisateur soit âgé de cinq ans ou dix-huit ans, quoi de plus simple que d’utiliser les doigts pour ouvrir la fenêtre d’une application ou simplement faire un copier-coller. Steve Jobs en son temps l’avait bien compris en présentant le premier iPhone.

Fini le stylet et autres outils pouvant freiner l’emploi du smartphone. Le doigt, restant le meilleur outil de l’homme, il rend la relation homme-machine des plus faciles. Google a retenu la leçon en proposant des écrans tactiles. Qu’il se retrouve en mode tablette, en tente ou tout autre mode, le Chromebook est un ordinateur accessible à tout moment et à tous. À ce sujet, le Chromebook reste le seul ordinateur tactile présent sur le marché. Ni Microsoft, ni Apple, ne peuvent rivaliser sur ce point. L’iPad Pro d’Apple montre à quel point, la firme de Cupertino, accepte mal le succès du Chromebook. Doté d’un écran tactile, elle n’a pu que le nommer iPad, même si elle le vend (presque) comme un ordinateur. 

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Capture d’écran de la page sur l’iPad Pro d’Apple. L’ordinateur pardon la tablette à gauche ressemble bigrement à un ordinateur portable.

Pourquoi Apple a peur des Chromebook ?

Apple a peur du Chromebook que propose Google pour les raisons que nous venons d’examiner. Mais, il en existe deux autres qui selon moi donne tout le sens à ces craintes. 

La gratuité de Chrome OS 

La première concerne le caractère gratuit de Chrome OS. Au même titre qu’Android, Google met à disposition des constructeurs, un système d’exploitation demandant de leurs parts aucune intervention. Amélioré et distribué sans que les constructeurs n’interviennent, il est pour eux la garantie d’avoir qu’un rôle de contenant. À eux de bonifier l’outil à travers des nouveaux ordinateurs toujours plus performant et interpellant par leurs aspects. Je pense entre autres au Samsung Galaxy

Le système de distribution gratuit d’Android de Google, a permis qu’il devienne le premier système d’exploitation mobile au monde. Elle recommence la même opération pour Chrome OS, avec quand même un point important : elle seule apporte des modifications à l’OS. Pas de surcouche au niveau de l’interface, pas de logo du constructeur dans le laptop. Bref, le contenant s’efface au profit du contenu, donc de Google.

Tout est dans le prix du produit  

La seconde raison, est d’ordre financier. Si jusqu’à présent, le Chromebook était présenté comme étant un ordinateur pas cher (voir l’exemple de l’Acer Chromebook Spin CP311-3H-K63V à 289 €), demain il est certain que la gamme de ces laptop va devenir premium. En 2013 et 2015, les Chromebook Pixel étaient déjà dans un ordre de prix élevé. Cela semblait pourtant minoritaire. Aujourd’hui, le changement s’effectue par le biais des constructeurs proposant des Chromebook plus onéreux. On justifie les prix par des modèles en aluminium et pouvant résister à des chutes et bien sûr des composants beaucoup plus récents. 

Quels prix nous allons payer demain un Chromebook ?

Demain, les prix de ces ordinateurs ne seront plus dans la fourchette de ceux actuellement proposés. Ils en deviendront donc premium, venant concurrencer directement les produits d’Apple autant par leurs qualités que les fonctions que je viens d’énoncer. Car à l’inverse de la firme de Cupertino qui supporte le poids du développement du système d’exploitation et de la conception de ses ordinateurs, le constructeur d’un Chromebook ne s’intéresse qu’à la mécanique de celui-ci.

Bien sûr, pour l’élaboration de ces ordinateurs, il va le faire conjointement avec les ingénieurs de Mountain View, s’assurant d’optimiser au mieux l’ensemble. Ne pas avoir à sa charge les frais de développement de l’OS lui permet ainsi de pouvoir se tourner vers des produits premium. Les rendre plus beaux, plus attirant, tout en gardant cette facilité dans l’utilisation, et voici qu’Apple est face à un adversaire plus entreprenant qu’elle ne l’imaginait lors de la sortie du premier Chromebook. 

Un même processus de construction

Qu’il s’agisse d’Apple ou de tout autre constructeur d’ordinateurs, le processus de construction est connu. On retrouve les mêmes sociétés et les mêmes machines. Il s’agit donc sans copier, on le voit avec la Chromebase d’HP, de pouvoir mettre sur le marché des ordinateurs fonctionnant sous Chrome OS, être à l’égal de ceux d’Apple. Égal avec un habillage fait de matériaux nobles, avec une finition irréprochable ou la beauté de l’objet ne pourra qu’attirer le regard et ou la couleur sera présente dans la texture même du produit. Fini le temps du terne Chromebook, Samsung a montré la voie comme Google d’ailleurs. Demain on ne mettra plus de stickers sur le capot, mais on laissera nu la coque, pour montrer la beauté de sa machine. Comme aujourd’hui le font une majorité d’utilisateurs de produits d’Apple. 

Le Samsung Galaxy Chromebook (source photo : Angela Lang/CNET)

50% des meilleures ventes d’ordinateurs portables sur Amazon sont des Chromebook

En affichant que le premier iPad était plus rapide que le plus vendu des Chromebook, Apple  a montré une faiblesse importante vis-à-vis de cet outil. Elle reconnait qu’elle n’a pas su prendre la réelle importance du Chromebook à sa sortie. Elle montre aussi qu’elle est à la fin d’un schéma de vente et qu’il va lui falloir le revoir. Bien sûr, il restera toujours des personnes pouvant acheter un produit pommé à quelques milliers d’euros, mais la folie d’achat dans une consommation à outrance est terminée. Elle va devoir revoir l’échelle des prix qu’elle impose aux consommateurs s’il veut satisfaire un plaisir matériel. Déjà, elle effectue doucement ce glissement en proposant un iPhone à 489 €. Un tel prix il y a quelques années était inconcevable. Demain, il est certain qu’elle ne pourra que proposer des ordinateurs à des prix plus agressifs. 

Pendant ce temps, Google continue sa marche en avant. Hier raillée autant dans la distribution gratuite d’Android que celle de Chrome OS, aujourd’hui elle se retrouve dans une position très dominante. Elle a toutes les cartes en main, pour présenter un système d’exploitation toujours plus facile d’emploi, mais en même temps très complet. Elle connaît aujourd’hui les constructeurs sur qui elle peut s’appuyer, et ainsi vendre son OS dans un bel emballage. À elle maintenant de séduire une majorité de consommateurs.

La durée des mises à jours

Il vous semblera contradictoire d’annoncer qu’Apple doit revoir le prix de ses produits à la baisse et en même temps déclarer que demain celui des Chromebook va augmenter. Et, pourtant, cela risque d’être le cas. Ceci pour une autre raison simple : la durée des mises à jour de Chrome OS. Elle est passée à 8 ans. Dit ainsi cela peut sembler bien court, mais sachez qu’un Macbook de 2015, ne reçoit plus de mises à jour. Une fois de plus, à Google de séduire une majorité de consommateurs.

Que pensez-vous de cette courte analyse sur la place de demain des Chromebook ? Pensez-vous que demain les Chromebook pourront devenir aussi chers que les produits d’Apple ?

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